Dans cette vaste zone rurale du Lot-et-Garonne, des associations engagées développent de nouvelles solutions de mobilité pour les catégories sociales vulnérables.
L’Albret couvre le sud-ouest du Lot-et-Garonne à la frontière des Landes et du Gers. Dans une mosaïque agreste de champs, vignes, étendues d’élevages et forêts, ses 33 communes - pour la plupart des villages - dévoilent une ruralité bien vivante. Mais comme dans l’ensemble des territoires ruraux, l’absence de moyens de transport personnel ou collectif constitue un frein sérieux à l’accès à l’emploi et à la formation.
C’est à Nérac, principale ville du territoire, que se sont implantées deux structures d’insertion par l’activité économique (IAE) liées entre elles : Agir Val d’Albret et Interm’Aide, fondées respectivement en 2000 et 2012. Elles ont été complétées en 2017 par une troisième entité, Agir Plus. Une des missions de cette association de l’économie sociale et solidaire est d’apporter précisément des solutions aux problèmes de mobilité rencontrés par les populations dites fragiles (chômeurs, bénéficiaires des minima sociaux, en situation de handicap).
« Roulez vers votre avenir »
Cap Mobilité Plus, la plateforme créée au sein d’Agir Plus s'est donnée pour slogan « Roulez vers votre avenir ». Pour son responsable, Grégory Polloni, « de nombreux habitants de l’Albret se trouvent en fracture avec le monde du travail car ils sont isolés sur les plans social et géographique. Ces personnes sont identifiées puis envoyées vers nous par Agir Val d’Albret, Interm’Aide mais aussi par les partenaires sociaux avec lesquels nous travaillons en étroite collaboration comme le centre médico-social de Nérac, la mission locale, France Travail, France Services ». Cap Mobilité Plus leur permet alors d’acquérir cette forme d’indépendance qui leur faisait défaut pour se déplacer professionnellement.
Un dispositif en pleine expansion
Une fois rentrés dans le dispositif, les bénéficiaires peuvent disposer d’un véhicule de location à raison de 3 mois maximum sur une année. Le parc, entièrement électrique, comprend 22 scooters et 7 voitures, dont 4 Citroën AMI sans permis. Chacun choisit l’option qui lui convient le mieux. « Les jeunes ont plutôt tendance à préférer le scooter », fait remarquer Grégory. 1922 jours de location ont été comptés pour les 2 roues en 2022 et 3500 jours l’année suivante. Face à l’augmentation de la demande, la décision a été prise en 2023 d’élargir la flotte. L’opération a nécessité un investissement de plus de 140 000 euros, autofinancé à hauteur de 20%. La Région a accordé une subvention de 42 000 €. « Sans elle, nous n’aurions pas été en mesure d’aller jusqu’au bout de l’opération », confie Grégory.
Auto-école sociale et solidaire
La location d’un véhicule ne représente pas la seule réponse apportée. Aider à passer le permis de conduire en constitue une autre. Cap Mobilité Plus dispose à cet effet d’une auto-école sociale et solidaire avec au sein de ses locaux une salle de code aménagée dans les conditions de l’examen. Grégory Polloni précise : « Nos moniteurs ne se contentent pas de faire passer des entraînements au code de la route. Ils dispensent également des cours collectifs à raison de 3 demi-journées par semaine ». Parce que tous les cas de figure sont envisagés, l’une des voitures de l’auto-école offre la possibilité de passer le permis B sur boîte automatique. « Certains se sentent plus à l’aise d’apprendre à conduire s’ils n’ont pas à se soucier de passer les vitesses ». L’auto-école a vu passer 35 apprentis conducteurs en 2022 et 79 en 2023, preuve là encore que le système se développe au même titre que la location de véhicules.